LIONEL TRÉBOIT
Texte de l'exposition
AMERICAN DREAMS
Dans le sillage des passants, j'ai voulu revisiter par la peinture les lieux emblématiques de Chicago et de New York à travers nos rêves américains. Spontanément, j'ai peint ces villes avec l'idée d'en réaliser des portraits plutôt que des paysages, des portraits de Chicago et de New York dans lesquels l'architecture apparaît comme sujet central. Alors que mes tableaux traduisent ma vision poétique et mélancolique de ces villes, les rêves américains se devinent dans le jeu de l'espace architecturé.
Messages subliminaux ou slogans ostentatoires, l'empreinte des symboles des rêves américains s’inscrit sur divers supports : architectures monumentales, sculptures urbaines, signalétiques et autres panneaux publicitaires qui se conjuguent dans une profusion d'images comme à Times Square. Icônes ou totems, ces images par leur intensité débordent du réel même de mes tableaux. Cette intensité, je l'exprime dans ma peinture en recourant à des couleurs acidulées ou couleurs d'un rouge vibrant. Elle symbolise l'énergie renouvelée de la ville américaine qui se dégage de nos rêves américains.
Ma pratique s’inscrit dans une démarche visant à transcrire le sublimé à partir d’images réelles : je prends des photographies pour réaliser ensuite des dessins plus subjectifs. Conçue à partir de la photographie et du dessin, ma peinture reflète au final une symbiose entre réel et imaginaire. Mes tableaux jouent avec l'impression première d'une image qui paraît évidente, mais dont l'évidence s'estompe lorsque le regard plonge dans l’oeuvre.
Cette ambivalence entre "réel et imaginaire" dans ma peinture fait écho à la puissance évocatrice des rêves américains dans notre imaginaire collectif. Afin de mettre en exergue un aspect particulier de la ville, j'ai ancré les passants et l'architecture dans des espaces distincts qui se répondent et parfois s'opposent :
Ainsi, dans "Flatiron Building", le parallèle entre les passants sur le passage piéton et l'architecture des buildings accentue la verticalité de New York. La banalité du macadam contraste alors avec l'exubérance et la monumentalité de l'architecture.
Pour traduire les désirs de grandeur et de dépassement des rêves américains, j'ai fait ressortir le caractère massif et imposant des buildings qui dans ma peinture s'emboîtent comme les pièces d'un jeu de construction.
Dans "Wink, New York", en juxtaposant la silhouette d'un new-yorkais dans la pénombre à une affiche de la lumineuse Marilyn d'Andy Warhol, j'ai voulu marquer le décalage entre la réalité du quotidien et les mythes américains.
Ces mégapoles sont aussi des attractions : Dans "Jeux de miroir, Millenium Park", les passants jouent avec leur image et celle des buildings qui se reflètent dans la sculpture-miroir (Cloud Gate) d'Anish Kapoor. Ce désir de jouer avec la ville évoque le rêve d'innocence.
Dans "Tempo Chicago", les coureurs sont comme happés par l’apesanteur, à la poursuite d’une liberté au-delà des gratte-ciels, pour échapper à la pesanteur des buildings.
La dynamique que j’ai souhaité insuffler dans cette collection traduit mon désir de capter, à travers l'architecture, l'énergie sans cesse renouvelée qui anime Chicago et New York. Cette incompressible énergie en nous transportant dans l'imaginaire de la ville américaine ouvre une porte sur notre imaginaire, alors que les rêves américains nous interrogent sur notre avenir.
Lionel Tréboit, Juin 2018
Fondation des États-Unis
Text of exhibition
AMERICAN DREAMS
After watching people pass by, I wanted to revisit through painting the emblematic places of Chicago and New York through our American dreams. Spontaneously, I painted these cities with the idea of making portraits of them rather than landscapes, portraits of Chicago and New York in which architecture appears as the central subject. While my paintings reflect my poetic and melancholic vision of these cities, American dreams can be guessed in the play of architectural space.
Subliminal messages or ostentatious slogans, the imprint of American dream symbols is inscribed on various supports: monumental architecture, urban sculptures, signage and other advertising panels that combine in a profusion of images as in Times Square. Icons or totems, these images by their intensity overflow the very reality of my paintings. I express this intensity in my painting by using acid colours or vibrant red colours. It symbolizes the renewed energy of the American city that emerges from our American dreams.
My practice is part of a process to transcribe the sublimated from real images: I take photographs and then make more subjective drawings. Conceived from photography and drawing, my painting ultimately reflects a symbiosis between reality and imagination. My paintings play with the first impression of an image that seems obvious, but whose evidence fades when the eye plunges into the work.
This ambivalence between « real and imaginary » in my painting echoes the evocative power of American dreams in our collective imagination. In order to highlight a particular aspect of the city, I have anchored bystanders and architecture in distinct spaces that respond to and sometimes oppose each other:
Thus, in "Flatiron Building", the parallel between people walking on the pedestrian crossing and the architecture of the buildings accentuates the verticality of New York. The banality of the macadam contrasts with the exuberance and monumentality of the architecture.
To translate the desire for greatness and surpassing American dreams, I brought out the massive and imposing character of buildings that in my painting fit together like the pieces of a building set.
In "Wink, New York", by juxtaposing the silhouette of a New Yorker in the shadows with a poster of Andy Warhol’s luminous Marilyn, I wanted to mark the gap between the reality of everyday life and American myths.
These megacities are also attractions: In Mirror Game, Millenium Park, passers-by play with their image and that of the buildings reflected in Anish Kapoor’s Cloud Gate sculpture. This desire to play with the city evokes the dream of innocence.
In "Tempo Chicago", runners are like caught in weightlessness, in pursuit of freedom beyond the skyscrapers, to escape the weight of buildings.
The dynamic that I wanted to breathe into this collection reflects my desire to capture, through architecture, the constantly renewed energy that drives Chicago and New York. This incompressible energy transporting us into the imagination of the American city opens a door on our imagination, while American dreams question us about our future.
Lionel Tréboit, June 2018
Fondation des États-Unis