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Texte du catalogue de l'exposition
RÊVER PARIS

À l’heure où les lieux anodins ne le sont plus, les peintures de Lionel Tréboit interrogent le regard singulièrement.
Depuis les années quatre-vingt-dix, la ville - et plus particulièrement l’univers parisien - reste le cadre privilégié de sa peinture. L’exposition « Rêver Paris » rassemble pour la première fois les multiples expériences parisiennes du peintre.


Les peintures parisiennes de Lionel Tréboit exposées à l’Orangerie du Sénat font directement référence à notre expérience du quotidien : le café, la sortie du métro, la station du bus, l’espace muséal, la gare.
Ces sujets ont été à l’origine de plusieurs expositions remarquées en France comme à l’étranger, avec notamment : « Impressions of Paris », « Passage, l’univers des gares », « Beaubourg, le regard nomade », « Villes et Musées », « Instants Parisiens »...

Avec ses peintures sur l’univers des gares, le mouvement dans l’espace des passants évoque le voyage qui s’achève et celui qui commence, le voyage dans l’espace et aussi le voyage intérieur. La gare devient une métaphore pour le long voyage de la vie.
Dans ses peintures muséales l’espace est interactif : avec la série sur Beaubourg et celle sur le Louvre, les œuvres s’animent d’une vie nouvelle au contact des visiteurs. Voir Mao, Beaubourg et Regards avec Fernand Léger (page 11) ou Paris un jour de pluie (page 12).

Avec la série des « Instants Parisiens » la terrasse du café devient un espace de décélération, décélérer pour prolonger l’instant... indéfiniment. Intemporel (page 17).
L’antre de la bouche du métro symbolise dans sa peinture notre insondable monde souterrain, notre inconscient. Sortie Place de la République (page 7).

En revisitant ainsi la scénographie de l’espace urbain, le peintre nous plonge dans une atmosphère de « suspense » que renforce la solitude de la figure humaine. Bien que ses personnages s’inscrivent par leurs attitudes dans l’affairement du quotidien, étonnamment leurs esprits semblent exister ailleurs, dans un autre espace-temps.
Les perspectives et les rythmes de l’espace architecturé nous projettent pareillement vers un ailleurs de la ville, un au-delà du tableau. En transcendant la réalité urbaine le peintre affirme sa vision poétique de la ville et par-là même fait émerger une au
tre réalité.*
Pour lui, ces espaces architecturés de la ville sont le cadre rêvé pour révéler cette autre réalité :
à la surface de ses toiles, l’image peinte semble alternativement surgir et se dissoudre suivant les jeux de lumière. « Mes tableaux jouent ainsi avec l’impression première d’une image qui paraît évidente, puis faussement évidente. Dans ma pratique, je fais des photographies dont je modifie la lumière ou que je recompose après découpages, puis je m’en inspire pour réaliser des dessins plus subjectifs. Conçue à partir de la photographie et du dessin, ma peinture reflète au final une symbioseentre réel et imaginaire. »
Si la lumière de sa peinture semble projeter le réel au-devant de la surface de la toile, la matière picturale induit ce léger
flou variable, oscillant, si caractéristique de l’image des rêves dans lequel se noie cette même réalité. Le flou empêchant notre regard de se focaliser sur le détail, restitue finalement cette vision vague et balancée que l’on a des choses lorsque l’on s’abandonne au hasard des rues parisiennes.

Ainsi ces œuvres présentent les qualités visuelles et dynamiques des rêves.
Peintures dont la temporalité élastique invite à décélérer... à prendre le temps de « Rêver Paris » et voir au-delà...


* En 2011, Lionel Tréboit a été invité à participer à la Journée d’étude « Coïncidences » à l’Université de Toulouse-II-le-Mirail. Lors de cette journée orchestrée par Nathalie Cochoy, l’artiste, en présentant son œuvre, a fait part de cette autre réalité inhérente à sa peinture, une réalité rêvée qu’il nomme alors « supra-réalité ». Suite à cette collaboration, il coécrit un essai sur sa peinture avec Etienne Février, paru dans la revue électronique Miranda en 2014.

Juillet 2016

Orangerie du Sénat, Paris

Text of exhibition book
DREAM OF PARIS

The paintings of Lionel Tréboit demand a very close scrutiny, where the most innocuous places are much more than they seem.
Since the nineties the city - and most notably the Parisian world - has been the preferred subject of his painting. For the first time the artist’s numerous Parisian studies are brought together in the “Dream of Paris” exhibition.


Lionel Tréboit’s Parisian paintings, on display at the Senate Orangery, openly focus on our everyday lives and experiences : cafe, Metro exit, bus station, museum space, station. These subjects have given rise to several noteworthy exhibitions in France as well as abroad,most notably : ‘‘Impressions of Paris’’, ‘‘Passage, the world of the station’’, ‘‘Beaubourg, a transient observation’’, ‘‘Cities and Museums’’, ‘‘Paris Moments’’...
In his paintings of the world of stations, the passengers’ movement within the space evokes the journey just completed or commencing, a geographical voyage but also our own inner journey. The station becomes a metaphor for life’s long journey.
In his museum paintings the space is interactive : in the series on Beaubourg and the Louvre, the works are invested with a new life through contact with the visitors.

See Mao, Beaubourg and Observations with Fernand Léger (page 11) or Paris in the rain (page 12).
In the series « Paris Moments », the cafe terrace becomes a space of deceleration, a place to slow down and prolong the moment... indefinitely. Timeless (page 17).
In his painting the recess formed by the mouth of the Metro symbolises our own unfatho- mable underground world, our unconscious. Exit to Place de la République (page 7).
By thus re-evaluating the urban landscape, the artist plunges us into an atmosphere of ‘suspense’ which reinforces the solitude of the human figure. Although he depicts his characters taking part in everyday activities, their spirits seem surprisingly to exist elsewhere, in another time and space.
The perspectives and rhythms of the architectural space similarly project us somewhere else in the city, beyond the canvas. By transcending the urban reality the artist affirms his poetic vision of the city and even thereby creates another reality.*
For him, these architectural spaces in the city provide the perfect opportunity to illustrate this alternative reality :
On the surface of his canvases, the painted image seems to alternately erupt and dissolve according to the play of light. ‘‘My paintings therefore play with the impression of an image which appears at first self-evident, then ambiguous. I work by taking photographs, then alter the lighting or cut them up and reconstruct them and use this as a basis for creating more subjective drawings. Conceived from both photography and drawing, in the end my painting reflects a symbiosis between what is real and what is imaginary.’’
If the light of his painting seems to project the real upon the surface of the canvas, the pictorial subject induces this slightly volatile and oscillating uncertainty which is so characte- ristic of the dream image which engulfs this same reality. This ambivalence prevents us from focusing on the detail, and ultimately reproduces the vague and shifting perspective you get when you wander aimlessly through Parisian streets.

These works thus present the visual and dynamic qualities of dreams.
Paintings whose elastic temporality invite you to decelerate... to take the time to ‘‘Dream of Paris’’ and see beyond...


* In 2011, Lionel Tréboit was invited to participate in the ‘Coincidences’ study day at Toulouse-II-le-Mirail University. During this day which was organised by Nathalie Cochoy, the artist, presenting his work, shared this alternative reality inherent in his painting; a dream reality which he therefore calls ‘super-reality’. Following on from this collaboration he co-wrote with Etienne Février an essay on his art which appeared in the digital review Miranda in 2014.
 

July 2016

Orangerie du Sénat, Paris

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